Si notre physionomie est héréditaire, qu’en est-il de notre personnalité, de nos traits de caractère et de tous ces éléments invisibles qui font de nous la personne que nous sommes? Lorsqu’il s’agit de dépendance, ou d’habitudes de consommation en général, la science offre-t-elle une explication quant à notre prédisposition à devenir accro à une substance en particulier, ou devrait-on plutôt s’attarder aux facteurs externes? Le cas échéant où l’ADN aurait un rôle à jouer dans l’alcoolisme et la toxicomanie, pouvons-nous « reprogrammer » notre code génétique afin de nous libérer de notre tendance à la dépendance? Bien que le sujet soit complexe, il peut s’avérer intéressant d’aborder la question d’un point de vue scientifique.
Trouver la cause pour trouver un traitement
Au même titre que n’importe quelle maladie ou problème de santé mentale ou physique, trouver la cause exacte ou, du moins, une explication à la dépendance pourrait en faciliter la prévention et le traitement par des médicaments ou des thérapies comportementales et cognitives.
Les recherches en génétique tentent, entre autres, de déterminer les bases neurobiologiques des comportements addictifs. L’une des pistes empruntées consiste à explorer l’hypothèse qu’une mutation génétique expliquerait le fait qu’une personne puisse développer des problèmes de dépendance plus qu’une autre. Les études en la matière comportent plusieurs avenues : l’observation des activités cérébrales, l’analyse hormonale et le portrait génétique de différents sujets, présentant des comportements addictifs ou non et provenant de différents milieux.
Jusqu’à présent, les résultats des multiples études ont permis d’orienter les chercheurs vers la possibilité que des neurotransmetteurs (substances chimiques servant de moyen de communication entre les neurones) défaillants ou insuffisants contribueraient au dérèglement de l’activité neurologique de certaines régions du cerveau, dont celle reliée à la récompense et au sentiment de satisfaction. On identifie ici la sérotonine, la dopamine, le glutamate et l’acétylcholine comme substances impliquées dans la gestion du noyau accumbens (le centre de récompense du cerveau). Cette piste de recherche permet donc de mieux s’expliquer le mécanisme de la dépendance, en mettant en lumière le sentiment « d’en vouloir toujours plus ».
Nuances importantes
Bien que les chercheurs se réjouissent de leurs progrès, ils demeurent tout de même prudents en affirmant que des facteurs éducatifs ou environnementaux sont à prendre en considération et que les personnes atteintes de troubles psychiatriques, dont l’alcoolisme et la toxicomanie, sont toutes différentes les unes des autres. La compréhension des maladies mentales, dont la dépendance fait partie, est une tâche ardue et hautement complexe. Cela n’a rien à voir avec une affection bénigne comme le rhume ou une otite.
Toutefois, une approche globale incluant autant l’aspect biologique que factoriel semble être une avenue prometteuse en ce qui concerne le traitement des comportements addictifs. Sans pour autant déresponsabiliser les individus, l’inclusion de l’aspect génétique dans le traitement de la dépendance pourrait devenir un excellent complément aux différentes thérapies comportementales. Restons donc à l’affût des nouvelles avancées scientifiques sur le sujet, en espérant en apprendre davantage sur cette incroyable machine qu’est le cerveau humain.